Le catalan fait partie des langues latines, comme le français, l'espagnol, le portugais, l'italien, l'occitan, le roumain. Il est parlé dans la partie nord-est de l'Espagne (la Catalogne: Barcelone), au sud jusqu'à Valence inclus, plus la frange Est de l'Aragon, les Baléares, plus un village de Sardaigne.
Le catalan inclut aussi l'Andorre, dont c'est (maintenant) l'unique langue nationale officielle (c'est le seul pays au monde). En Espagne, il s'agit d'une langue régionale, parlée dans toute la Généralité de Catalogne.
La constitution espagnole, avec la récente loi sur les autonomies (1976), reconnaît cette langue comme étant officielle, mais uniquement à l'intérieur du territoire espagnol. S'il s'adresse à un étranger, ou à l'étranger, le Catalan doit s'exprimer en espagnol (castillan). La Catalogne a donc 2 langues officielles.
Le Val d'Aran (source de la Garonne, versant nord des Pyrénées donnant sur la Haute-Garonne: Luchon), faisant partie de l'Espagne et de la Généralité de Catalogne, a en plus une 3ème langue: la langue locale qui est le gascon. L'écolier y apprend donc tout parallèlement dans ces 3 langues, dès la maternelle.
Le catalan est une langue que je trouve belle, et dont on sait qu'elle est une des plus proches du latin. L'occitan et le catalan sont en fait la même langue, qui se sont appelées différemment pour des raisons historiques, à partir du XIIème siècle. Au Moyen âge d'ailleurs, cette même langue s'appelait le llemosí (limousin), mais aussi le provençal, et les troubadours (trobadors: inventeurs, compositeurs (trouvères), mais aussi rencontreurs (trobada)) chantaient dans cette langue depuis Bordeaux et Clermont jusqu'à Barcelone et Avignon. L'occitan s'est ensuite légèrement francisé, comme le catalan s'est légèrement hispanisé: cotxe (veitura), gràcies (mercès), el (lo), ser/estar (ser), bé (plan)...
La langue occitane comprend actuellement les dialectes: limousin, auvergnat, gascon, provençal et languedocien. Le catalan se rapproche le plus du languedocien. Mais dans ces 2 langues (catalan et occitan), à part quelques mots, les tournures et le vocabulaire sont souvent identiques; par exemple les jours de la semaine (dilluns, dimarts, dimercres, dijous, divendres, dissabt, diumenge); "avec" se dit "amb", "re-" se dit "tornar", dans "dins", fromage "formatge", brûler "cremar", dernier "darrer", déjeuner "dinar", dîner "sopar", haricots "mongetes", tête "cap", le serpent "la serp", même "mateix", etc... etc...
Bref, en France, on a regroupé nos dialectes romans et on les a appelés langue "occitane"; si tout ça était à refaire, on aurait regardé un peu au-delà la frontière pour y inclure aussi le catalan.
La prononciation et l'écriture du catalan, avec l'observation d'autres langues comme le français ou le roumain, peuvent aider à la prononciation (perdue) du latin. Par exemple, le "o" non accentué se prononce "ou". Ainsi "Romania" se prononce "Roumania" ce qui a donné "Roumanie" en français, ou "governar", qui se prononce "gouberna", "gouverner" en français.
Comprendre la prononciation est une clé de la compréhension du catalan. C'est le but de cette page. Les mots catalans, malgré parfois une très forte ressemblance écrite avec le français, ne se prononcent souvent pas du tout pareil, et c'est très déroutant pour comprendre et se faire comprendre.
Les mots dont la dernière syllabe est accentuée (et se terminant par "í", "ó", "à" ou "ú") correspondent souvent au français respectivement: "in", "on" (ou "ou"), "an" (ou "ain") et "un". Par exemple: molí, camió, Perpinyà, cerdà, qüestió, pa, botó, algú, pingüí (comme Kinder), mamà. Remarquez qu'au pluriel ces mots retrouvent leur "n": molins, camions, cerdans, qüestions, pans, botons, alguns, pingüins, mamans.
Comme dans beaucoup de langues (sauf le français), l'accentuation est très importante (encore plus marquée qu'en espagnol) et on accentue l'avant-dernière syllabe, sauf s'il y a un accent écrit ailleurs, ou que la dernière syllabe se termine par une consonne. Les voyelles non accentuées sont parfois presque muettes ou absorbées par contraction, comme en occitan (c'est ce qui fait la difficulté de cette langue pour nous français par rapport à l'espagnol qui est plus simple). Par la suite, je souligne la voyelle accentuée dans la phonétique. Certaines traductions sont en info-bulles (Internet Explorer).
En phonétique, on écrit [u] le son ou de "toutou". Par exemple, "un" se dit "ounn" [un].
Le "a" et le "e" non accentués se prononcent œ (à mi-chemin entre a et e), contrairement à l'espagnol et même à l'occitan où le "e" se prononce é. Par exemple:
un cop de mà: [un còp dœ ma] (un coup de main)
gràcies: [grassiœs]
comarca, comarques: [kumarkœ, kumarkœs] (région(s))
estofada: [œstufadœ] (étouffée)
Si vous y arrivez difficilement, mieux vaut le prononcer a que è. Ainsi, Figueres et Roses continuent à se prononcer (presque) Figuéras et Rosas, et non pas Figuérès et Rosès.
Toutes les voyelles se prononcent. Par exemple, "au" se prononce aou, "eu" éou, "ai" aï, "ou" o-ou, "oi" oï. En phonétique, on note [aw], [éw], [ai], [ow], [oi]. On note [u] le son ou. Entraînez-vous: restaurant, Europa, euro, taula, bou, aigua, meitat, pneumàtic, creure, boira, festaire, adéu-siau, Gaudí, caueu.
Les accents écrits sont très importants: ils indiquent si une autre syllabe (que l'avant-dernière) est accentuée, donc en plus de l'intonation (très importante), ça change aussi la prononciation (en plus du sens). Exemples:
porro: [pórru] (poireau)
porró: [purró] (pichet pour boire à la régalade)
secretària: [sœkrœtariœ] (secrétaire)
secretaria: [sœkrœtœriœ] (secrétariat)
record: [rrœkòrt] (souvenir)
rècord: [rrèkurt] (record)
espera: [œspérœ] (il attend)
esperà, esperar: [œspœra] (il attendra, attendre)
Le féminin pluriel est en -es, ce qui oblige parfois à modifier l'orthographe (pour que ça se prononce exactement pareil [œ], le [s] en plus):
l'aigua, les aigües
la roca blanca, les roques blanques
pluja, pluges
mitja, mitges
formiga roja, formigues roges
una pinça dolça, unes pinces dolces
Comme l'occitan, on utilise des pronoms devant les prénoms: l'Enric, la Montse, en Robert, et on contracte les tournures - comme en français :
me'n vaig [mœn batsh]: je m'en vais
se'n va als banys: il s'en va aux bains (als=a els)
pel tunel dels Rocs: par le tunnel des Rocs (pel=per el, dels=de els)
can Robert: chez Robert
se'ls donà: on leur donne
deixa'm en pau: laisse-moi tranquille
posa't les botes: mets tes bottes (mets-toi les bottes)
Et on contracte encore plus oralement (liaisons):
- A quina hora vols anar al cine: [œ kinòrœ bòlzœnall sinœ]: à quelle heure veux-tu aller au cinéma ?
- M'és igual, me'n foto [mézigwall mœn fótu]: ça m'est égal, je m'en fiche
- Fins ara, doncs [finzarœ dòns]: à bientôt donc
Lettre | Prononciation | Exemples | Commentaire |
---|---|---|---|
a, à | a si accentué, œ sinon | cantar [kœnta], cansalada [kœnsœladœ], està bé [œsta bé] | |
e, é, è | é ou è si accentué, œ sinon | cafè [kœfè], ple, misteri [è], misteriós [œ], gelat [œ], preu [è], progrés [prugrés], segur [sœgu], de [dœ] | Le e accentué est è. On écrit explicitement é si é; exemple: bé, véns, és, adéu |
i, í, ï | i | idiota, molí, ruïna | país, plur: països [paizus] |
o, ó, ò | o si accentué, "ou" sinon | cançó, concret [kunkrét], botó [butó], colom [culóm], posar [puza], molí [muli], fotògraf [futògrœf], mesos [mézus] | le o accentué peut être ouvert (porc, pot, sinòvia, gatosa [ò]) ou fermé (camió, forn, móra, catorze [ó]) |
u, ú, ü | ou | un, mundial, oportú [upurtu] | muet après g ou q si devant e ou i (guia, maques) sauf si ü (qüestions, Güell [gwé£]) |
u final après voyelle | w (diphtongué) | actiu, nou, neu [néw], niu, nau, adéu, infinitiu | [u] léger, car c'est l'avant-dernière voyelle (syllabe) qui porte l'accent |
c | s ou k, comme en français | comarca [k], direcció [ks], civic, ceba, fàcil [s] | fém.pluriel: comarca, comarques |
ç | s, comme en français | França, caçador, peça, dolça, començar, calçons, convençut [kumbœnsut] | jamais devant e,i (peça, peces), mais peut être la dernière lettre: dolç, comerç, feliç, falç (plur: falçs), el glaç |
g | g ou j, comme en français | Girona, gat, gelada, governador, guerra, artiga | Mais prononcer [gw]: igual, guardar, aigües, lingüístic, pingüí, llengua (plur: llengües);... |
ig final | tsh | puig [putsh], passeig, faig, mig, roig [rròtsh] | Comme -tx final: despaig=despatx féminin: mitjana, roja [rròjœ] |
h | muet | l'home, l'hivern, l'hort, prohibir [pruibi], hi ha, fer-ho [féru] | contrairement au gascon, où le h est bien expiré |
j | j comme en français | jovial, jutge, jardí, mitjà, menjar | on n'écrit jamais je et ji, mais ge et gi; ex: pluja, plur: pluges |
ll, tll | lie (soulier) on note [£] | paella, muralla, llarg, lloc, conill, millor, espatllat | lh en occitan (Vielha) et portugais (Carbalho) |
l.l | ll | col.lectiu, col.lisió, il.lustre, instal.lació, pel.lícula | c'est un "l" doublé, qu'on est obligé d'écrire comme ça pour ne pas le confondre avec "ll" |
l final | l presque u | sal, el [œll], fatal, actual | d'ailleurs en occitan, c'est "actuau" |
ny | gn français on note [ñ] | any (comme Ste-Agne), castany, Catalunya, Espanya, estany [œstañ], puny, menys, Carlemany, Avinyó | ñ espagnol, nh occitan ou portugais (piranha) "-nys" se prononce un peu [ñsh] |
nc ou ng final | nk, ou ng comme dans l'anglais "sing" | cinc, blanc, sang, Pirenenc | |
q | k (devant e ou i) | monarques, què, quinina | prononcer [kw] devant a,o, ou e,i si ü: quatre, quan, antiquari, quotidià, qüestió, freqüent... Le "k" ou "ch" se transforment en "qu": quilo, quilobyte, quilowatt, quilòmetre, quilolitre, esquiar (skier), monarquia, riquesa (richesse), màquina, caqui, pàrquing... |
r final | non prononcé | cantar [a], diner, muller, carrer, Ballaguer [é], color [kuló], major, invertir [inbœrti] | Même: anar al [œnall], donar el [dunall], fer el [fé œll], finir els [fini œlls] Sauf si trait d'union: fer-ho [féru], finir-ho [finiru], estar-se [œstarsœ], vestir-te [bœstirtœ] Sauf aussi: car, mar, nèctar [nèktœr] |
rr ou r initial | doublement roulé | serra, reforçar [rrœfursa], rebaix [rrœbash], barri | |
s | s ou z, comme en français | salt, roser, massa, sismic | |
t devant j | d | metge [médjœ], setze [sèdzœ] | comme [k] devant [z] qui s'adoucit en [g]: èxit |
v | b | vaca, avui [œbui], convertir [kumbœrti] | b comme en espagnol |
x, ix | sh | xoriço, xocolata, marxar, planxa, cotxe, caixa [kashœ], això [œshò], baixar, eixample, mateix, boix [bósh], dibuix [dibush], coixí [kushi] | sauf: |
ble final | plœ | diable, moble, agradable, amable, impossible | on appelle ça des consonnes explosives ! |
g,d,gle,b final | k,t,klœ,p | llarg, catàleg, ràpid, fred, Madrid, quietud, sud-oest [sutwést], record, regle, cable, verd [bèrt], verb [bèrp] | |
consonne doublée | double | barri, innovació, il.luminació, commemorar, espatllar | |
consonne finale | se prononce | gas, rosat, simpàtics, camions, bosc, bosquet | mais pas toujours: aquest [œquèt], diners [dinéss], roser [rruzé], temps [témz], cantant [kœntan], regent [rrœjén], mont [mòn], salt [sal], sant [san], por [pó], molt [mól], restaurant [rrœstœwran] |
Les différences de pronconciation avec l'occitan sont minimes.
Contrairement à l'occitan qui a du mal à se transmettre actuellement par des occitans de souche, le catalan est toujours resté une langue bien vivante, malgré qu'elle ait bien failli disparaître vers le 19ème siècle. Elle a été restaurée et épurée par l'Institut des Etudes Catalanes (en liaison d'ailleurs avec l'Institut des Etudes Occitanes en France, qui a parallèlement défini l'écriture de l'occitan (ce qui a d'ailleurs creusé un petit fossé avec la Provence, attachée à Mistral (graphie française): Mirelha ou Mirèio ?...).
Lorsque vous voyagerez à travers la Catalogne, ses villages, ses monuments, ses gens, vous ressentirez une certaine familiarité avec la moitié sud de la France, et un contraste avec la vraie Espagne, plus à l'ouest (Aragon). Rien que les noms de quelques villages sont évocateurs: Montesquiu, Rocafort, Verdú (Verdun), Montclar, Castellnou, Sant Martí, Santa Coloma, Bellver, Montferrer, l'Hospitalet, Balaguer, Castelló (Castillon), Blancafort, Vilallonga, Puigpelat (Puy pelé), Montalbà (Montauban), Vilar, Neuvic (Village neuf), Puigverd, Monistrol, Montagut, les Deveses, Maresme, Viladrau, Montblanc, Vic, Llinars, Avinyonet, Queralt, la Font Gran, les Planes, Fontanelles, les Solanes, Arties, Banyeres, Mont-rodon, Vilabertran, Pont de l'Arbre Sec (si-si, c'est du pur catalan!)... Les monuments renaissance et les châteaux rappellent l'histoire et la culture communes, l'amour courtois des troubadours, les Catalans pratiquent la convivialité, la tolérance, le savoir-vivre et, finalement, la discrétion et la discipline.
En tout cas, c'est vrai que pour nous Français, on a du mal à comprendre comment un peuple peut avoir 2 langues officielles, et on reste sceptique sur l'avenir et les rapports entre le gouvernement central espagnol et la Généralité de Catalogne, comment ça peut se passer sans graves anicroches, etc... Il est vrai que dans les années post-franquistes il y a eu une réaction indépendantiste qui a tendance à diminuer aujourd'hui. Finalement tout ça a l'air de se passer plutôt de façon harmonieuse et bien définie (pour l'instant). Le roi Juan Carlos y est pour beaucoup.
(Pause: le Français, en traversant la frontière et pour se défouler de tout ça, pourrait crier: "Viva España !" )
Cette incompréhension est aussi un peu réciproque: un Espagnol (ou Catalan) ne comprend pas qu'en France on ne parle que le français, et s'étonne par exemple que dans les Pyrénées-Orientales on ne voit aucun panneau en catalan. Nous, en entendant cela, on a d'ailleurs tendance à prendre cette réaction comme quelque peu agressive.
Voici quelques textes en catalan: 
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Bon viatge ! Adéu !
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